Notre constat

La situation des jeunes sur le marché de l’emploi s’est largement dégradée au cours de ces dernières décennies, à l’échelle mondiale et de la France.

Le nombre de jeunes sur le marché mondial de l’emploi, que ceux-ci aient un emploi ou non, a diminué entre 1999 et 2019, passant de 568 à 497 millions, alors même que la population mondiale de jeunes a augmenté sur cette même période de 1 à 1,3 milliard (OIT, 2020). Si cette situation est due en partie au nombre croissant de jeunes étudiants dans l’enseignement secondaire et supérieur, elle est significative du nombre important de jeunes qui ne sont ni en étude, ni en emploi, ni en formation (NEET). Le taux de jeunes NEET dans le monde est à la hausse, passant de 21,7 % à 22,4 % entre 2015 et 2020, et touche plus sévèrement les jeunes femmes qui sont deux fois plus susceptibles que leur homologue masculin d’être ni en emploi, ni en étude, ni en formation (OIT, 2020). En France, le taux de jeunes NEET atteint les 15,5 % en 2019, selon les dernières données disponibles de l’OCDE.

A l’échelle mondiale, les jeunes ont 3 fois plus de risque d’être au chômage que les adultes (âgés de 25 ans et plus).

Le taux de chômage des jeunes atteint 13,6 %, avec des variations importantes d’une région à l’autre -pouvant aller de moins de 9 % en Amérique du Nord et en Afrique subsaharienne, à 30 % en Afrique du Nord- et touche plus sévèrement les jeunes femmes (OIT, 2020). En France, le taux de chômage des 15-24 ans a été multiplié par 3,5 en 40 ans (DARES, France Stratégie, 2017).

La qualification reste un critère déterminant de l’accès à l’emploi.

Le taux de chômage des non-diplômés est près de 3 fois supérieur à celui des diplômés de l’enseignement supérieur (DARES, France Stratégie, 2017). En France, il atteint 51 % pour les non-diplômés sortis depuis un à quatre ans de formation initiale (DEPP, 2016).

L’ascendance migratoire et le lieu d’habitation impactent négativement l’accès à l’emploi, indépendamment de la qualification et de la spécialité de formation.

Ainsi, les jeunes descendants d’immigrés africains ont près de deux fois plus de risques d’être au chômage que les jeunes sans ascendance, toutes choses égales par ailleurs (DARES, France Stratégie, 2017).

Le décrochage scolaire est un facteur majeur de chômage et d’inactivité de longue durée, et il peut produire des effets durables sur les carrières, notamment en termes de salaire et de précarité (CNESCO, 2017).

En 2019, 8,2 % des 18-24 ans sortent encore du système scolaire de manière précoce, c’est-à-dire sans avoir terminé avec succès l’enseignement secondaire, selon les derniers chiffres disponibles de l’INSEE. En outre, 10 % des 16-29 ans ne maîtrisent pas les compétences de base que sont l’expression orale, l’écrit, la numérotation et les calculs (DARES, France Stratégie, 2017).

Non seulement l’institution scolaire a montré son incapacité à gérer les risques du décrochage scolaire, mais aussi les dispositifs institutionnels de recours existants ont montré leurs limites

Une part importante des jeunes sortis prématurément du système scolaire n’est pas accompagnée, alors même que l’accompagnement est une condition essentielle d’amélioration de leur situation. L’inadéquation profonde entre les besoins des jeunes, leurs attentes et ce qui leur est offert par le système scolaire et les dispositifs de remédiation mettent en exergue la nécessité de proposer des solutions alternatives par les acteurs de terrain.

Les inégalités à l’école placent la France en tête des pays de l’OCDE pour le caractère socialement reproductif de son école

Ainsi, dès les petites classes, l’origine sociale des enfants influence fortement leurs résultats scolaires. En CE2, les élèves les moins favorisés obtiennent une note moyenne de 57 sur 100 en français et 58 en mathématiques, pendant que le quart le plus favorisé atteint respectivement 87 et 85 (Ministère de l’Éducation nationale, 2017). A la fin du collège, les inégalités scolaires continuent de se traduire par une orientation différenciée en fonction de l’origine sociale des élèves : Le taux d’accès en seconde générale ou technologique est deux fois plus élevé pour les élèves d’origine favorisée (84,8 % contre 42,4 %) que pour les élèves d’origine sociale défavorisée (ministère de l’Éducation nationale, 2012). Enfin, les inégalités continuent de se creuser dans l’enseignement supérieur où les enfants de cadres supérieurs sont 2,9 fois plus nombreux que les enfants d’ouvriers parmi les étudiants (ministère de l’Éducation nationale 2017-2018) alors qu’ils sont presque deux fois moins nombreux dans la population totale.

L’orientation scolaire et professionnelle est donc un choix souvent contraint et marqué par de forts déterminismes sociaux, et ceci d’autant plus que l’école ne propose pas un accompagnement suffisant

Ainsi, un jeune sur deux déclare ne pas avoir été bien accompagné par son établissement au sujet de l’orientation, et près d’un jeune sur cinq estime qu’il n’a pas eu le choix de son orientation, particulièrement lorsqu’il est issu de l’enseignement professionnel (CNESCO, 2018). En outre, l’orientation subie constitue un facteur important de décrochage scolaire.

Les conséquences de la pandémie de la covid-19 impactent plus sévèrement les jeunes femmes, les plus jeunes, et les jeunes des pays à faible revenu

Selon le rapport “Les jeunes et la covid-19 : impacts sur les emplois, l’éducation, les droits et le bien-être mental” (OIT, 2020), 65 % des jeunes disent avoir moins appris depuis le début de la pandémie, 51% pensent que leurs études seront retardées et 9 % craignent que leurs études en souffrent, voire échouent. La pandémie a également un impact direct sur les carrières des jeunes : Un jeune sur six (17 %) qui travaillait avant le début de la crise, a complètement cessé de travailler, deux jeunes sur cinq (42 %) font état d’une baisse de leurs revenus, et le temps de travail des jeunes travailleurs a diminué d’environ 25 %. Les jeunes des pays à faible revenu sont les plus exposés aux réductions du temps de travail et à la contraction des revenus qui en résulte.